Les crus bourgeois, toute une histoire
Après de nombreuses péripéties, cette très ancienne catégorie de crus a réussi à ancrer la tradition dans une modernité dynamique. Depuis 2010, les domaines remettent chaque année en jeu leur appartenance à ce club, sur des critères de production et une dégustation à l’aveugle.
D’une démarche coutumière…
Héritiers de l’Ancien Régime, ces crus étaient des domaines acquis par les bourgeois de la ville de Bordeaux qui jouissaient de privilèges fiscaux. Enrichis par le commerce maritime au XVIIème et XVIIIème siècle, ils furent nombreux à acquérir de bonnes terres dans le Médoc pour y produire ce « French claret » si cher aux Anglais. La Révolution se chargea d’unifier les particularismes fiscaux de l’Ancien Régime mais ils ne voulurent jamais perdre leur traditionnelle dénomination, fiers de se situer au dessus des « crus artisans » et des « crus paysans ». Le Médoc ou la manie du classement…
Au milieu du XIXème siècle, nous les retrouvons d’ailleurs subdivisés en plusieurs catégories : crus supérieurs, bon bourgeois, bourgeois ordinaires. En 1932, un recensement effectué par les courtiers et la Chambre de Commerce et d’Industrie de Bordeaux dénombre 444 crus. Néanmoins, un nombre aussi considérable de propriétés avait gommé tout aspect sélectif. Aussi, en 2000, une hiérarchie de mérite tente d’être instaurée.
… à une démarche qualitative.
Crus bourgeois exceptionnel, Crus bourgeois supérieurs, Cru bourgeois « tout court »… le nouveau classement réalisé par un jury d’experts est entériné par décret en 2003. Il distingue 247 châteaux sur 490 candidats… Mais la Cour d’Appel Administrative de 2007 l’annulera : les crus bourgeois devront revoir leur copie.
Depuis 2010, le classement a donc été remplacé par une Sélection Officielle des Crus Bourgeois, remise chaque année en jeu. Cette dernière distingue les crus retenus sur la base d’un cahier des charges, d’un Plan de Vérification confié à un organisme indépendant (Véritas) et d’une dégustation à l’aveugle. Cette dernière s’appuie sur un panel de 16 crus, sorte d’étalon anonyme à l’usage du jury, qui se veut représentatif à la fois du millésime et de la diversité d’expression des Crus Bourgeois.